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J’hésitai presque à dire : « Eh bien, moi, je sais » ; mais il y avait autour de moi tant de choses que je ne savais pas, malgré ses explications, que je pensai qu’il valait mieux me taire.

La route s’enfonça aussitôt dans un bois magnifique, qui s’étendait sur les deux côtés, mais visiblement beaucoup plus au nord, où les chênes même et les châtaigniers étaient de belle taille, les arbres à croissance plus rapide (parmi lesquels je trouvai trop nombreux les platanes et les sycomores), très gros et très élevés.

Il faisait extrêmement bon sous ces arbres, car la journée devenait chaude à point ; la douceur de l’ombrage apaisait mon esprit excité et disposait à une jouissance de rêve, en sorte que j’éprouvais le désir que cela continuât toujours à travers cette fraîcheur embaumée. Mon compagnon semblait partager mes impressions : il laissait le cheval aller de plus en plus lentement et aspirait les senteurs de la forêt verte, parmi lesquelles dominait l’odeur de la fougère piétinée près du bord du chemin.

Si romantique que fût ce bois de Kensington, il n’était pourtant pas solitaire. Nous croisions beaucoup de groupes qui suivaient la route dans les deux sens, ou erraient à la lisière du bois. Parmi ceux-ci il y avait beaucoup d’enfants depuis six ou huit ans jusqu’à seize ou dix-sept. Ils me parurent être des spécimens particulièrement beaux de leur race, et ils s’amusaient évidemment au suprême degré ; quelques-uns entouraient de petites tentes