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on trouvait poétique et subtil de considérer la vie comme une chose que l’on supporte, plutôt que comme une chose dont on jouit.

Ainsi je songeais, lorsque le rire de Dick me ramena aux prés du comté d’Oxford.

— Ceci me paraît étrange, dit-il, que je devrais me préoccuper de l’hiver et de sa pénurie, au milieu de l’abondance de l’été. Si cela ne m’était déjà arrivé, j’aurais cru que c’était sous votre influence, Hôte ; que vous m’avez jeté une sorte de mauvais sort. Mais, vous savez, ajouta-t-il vite, ce n’est qu’une plaisanterie, il ne faut pas le prendre à cœur.

— Très bien, dis-je ; je m’en garde.

Pourtant ses paroles me firent éprouver quelque gêne, tout de même.

Nous traversions la chaussée, à ce moment, et nous ne remontâmes pas vers la maison, mais suivîmes un sentier le long d’un champ de blé maintenant presque prêt à mûrir. Je dis :

— Nous ne dînons donc pas dans la maison ni dans le jardin ? — je le pensais bien, du reste. Où se réunit-on, alors ? car je vois que la plupart des maisons sont très petites.

— Oui, vous avez raison, elles sont petites dans cette région : il subsiste tant de bonnes maisons que les gens vivent beaucoup dans ces petites maisons éparses. Quant au dîner, nous allons avoir notre fête dans l’église. Je voudrais, en votre honneur, qu’elle fût aussi grande et belle que celle de la vieille ville romaine à l’ouest, ou celle de la ville forestière au nord ; mais elle pourra nous contenir tous ;