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me paraissait tout à fait excessive au temps, à une belle journée, à une nuit sombre ou claire, et ainsi de suite.

— Étrangement ? Est-il étrange de sympathiser avec l’année, et ses gains, et ses pertes ?

— Du moins, si vous considérez le cours de l’année comme un drame magnifique et passionnant, et c’est, je crois, ce que vous faites, vous devriez vous plaire et vous intéresser autant à l’hiver, à son tourment et à sa souffrance, qu’à ce merveilleux été luxuriant.

— Est-ce que je ne le fais pas ? dit-il avec chaleur ; seulement je ne peux pas assister à tout cela comme si j’étais assis dans un théâtre, et si je voyais la pièce se jouer devant moi sans y prendre moi-même aucune part. Il est difficile, dit-il avec un sourire de bonne humeur, à un homme non lettré comme moi, de s’exprimer convenablement, comme le ferait cette chère Ellen ; mais je veux dire que je suis une partie de tout cela, et que j’en éprouve la souffrance aussi bien que le plaisir en moi-même. Ce n’est pas fait pour moi par quelqu’un d’autre, simplement pour que je puisse manger, boire et dormir ; j’y prends part moi-même.

Je pus voir que Dick avait à sa manière, lui aussi, comme Ellen, cet amour passionné de la terre, qui n’était commun qu’à bien peu de gens à l’époque que je connaissais ; le sentiment dominant parmi les personnes instruites était alors un aigre dégoût du drame changeant de l’année, de la vie de la terre et de ses rapports avec les hommes. Même, à cette époque,