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Elle me conduisit à la porte, en murmurant d’une voix un peu oppressée :

— La terre, et ce qui naît d’elle, et tout ce qui vit ! Si je pouvais seulement dire ou montrer comme je l’aime !

Nous entrâmes et ne rencontrâmes personne dans aucune pièce en circulant de chambre en chambre — depuis le porche couvert de roses jusqu’aux étranges et bizarres mansardes parmi les grandes poutres du toit, où avaient couché aux temps anciens, les cultivateurs et les pâtres du manoir, et qui maintenant, à voir les lits de petite taille et le fouillis d’objets inutiles et négligés — bouquets de fleurs fanées, plumes d’oiseaux, coquilles d’œufs de sansonnets, bouts de rubans de laine dans des pots, et ainsi de suite — paraissaient être habitées par des enfants.

Partout il n’y avait que peu de mobilier, rien que l’indispensable, et de forme des plus simples. Le goût d’ornementation extravagant que j’avais remarqué ailleurs dans ce peuple semblait ici avoir cédé devant le sentiment que la maison elle-même, et tout son ensemble, était l’ornement de la vie rustique au milieu de laquelle elle était venue s’échouer dans des temps anciens, et que l’orner ne ferait qu’empêcher d’en jouir comme morceau de beauté naturelle.

Enfin nous nous assîmes dans une chambre au-dessus du mur qu’Ellen avait embrassé qui était encore tendue de vieilles tapisseries, primitivement sans valeur artistique, mais maintenant passées, avec d’agréables tons gris qui s’harmonisaient parfaitement au calme du lieu,