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Je dis :

— Oh ! en tout cas les maisons des riches n’y ressemblaient pas ; et elles faisaient tache sur la surface du pays.

— Je trouve cela difficile à comprendre, dit-elle ; je peux voir pourquoi les ouvriers, qui étaient si opprimés, n’auraient pas eu le moyen de vivre dans de belles maisons ; car il faut du temps, des loisirs, des esprits non surchargés de soucis, pour construire de belles demeures, et je comprends très bien qu’il n’était pas permis à ces pauvres gens de vivre de telle manière qu’ils pussent jouir de ces choses si nécessaires (pour nous). Mais pourquoi les hommes riches, qui avaient le temps et les loisirs, et les matériaux de construction, puisque c’est de cela qu’il s’agit, ne se seraient-ils pas bien logés, cela, je ne le comprends pas. Je sais ce que vous allez me dire, ajouta-t-elle en me regardant droit dans les yeux et en rougissant, vous me direz que leurs maisons et toutes leurs affaires étaient généralement laides et vilaines, à moins que par hasard elles fussent anciennes, comme ce reste, là-bas, du travail de nos ancêtres (et elle désignait la flèche) ; qu’ils étaient… attendez, quel est le mot ?

— Vulgaires, dis-je. Nous disions que la laideur et la vulgarité des habitations des riches réfléchissait nécessairement la saleté et la nudité de la vie à laquelle ils contraignaient les pauvres gens.

Elle fronça les sourcils comme pour réfléchir ; puis elle tourna vers moi son visage