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nous et nous les expliqua avec grand soin. Cela aussi était très intéressant, montrant la transition depuis le pis-aller du travail des machines (qui sévit le plus un peu après la guerre civile dont il a été parlé jusqu’aux premières années de la nouvelle période de travail d’artisan). Naturellement les périodes se pénétraient beaucoup : et d’abord le nouveau travail manuel gagna très lentement.

— Il faut vous rappeler, dit le vieil antiquaire, que le travail manuel ne fut pas le résultat de la nécessité matérielle, comme on disait autrefois : au contraire, les machines avaient été tellement perfectionnées à cette époque, qu’on aurait pu fabriquer par leur moyen presque tout ce qui est nécessaire ; et, en effet, beaucoup de gens, dans ce temps-là et déjà auparavant, croyaient que le machinisme supplanterait entièrement le travail d’artisan, ce qui certainement, à première vue, paraissait plus que vraisemblable. Il existait une opinion différente, beaucoup moins logique, qui était générale parmi les gens riches avant l’époque de la liberté, et ne disparut pas tout de suite lorsqu’elle eut commencé. Cette opinion, qui semblait alors, d’après tout ce que je peux apprendre, aussi naturelle qu’elle semble absurde aujourd’hui, était que, grâce au machinisme automatique, qui ferait entièrement l’ordinaire besogne journalière du monde, les forces de la partie la plus intelligente de l’humanité seraient libérées pour cultiver les formes supérieures des arts, en même temps que la