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coup de gaffe. Puissiez-vous vivre longtemps et voir votre verte vieillesse toujours rajeunie.

En continuant notre voyage, le fleuve avait pour moi l’aspect familier du temps où Pangbourne n’était pas complètement embourgeoisé, comme je l’ai vu. C’était (Pangbourne) encore nettement un village — c’est-à-dire un groupe délimité de maisons, et aussi joli que possible. Les bois de hêtres couvraient la colline qui montait au delà de Basildon ; mais les terrains plats au-dessous étaient beaucoup plus peuplés que je ne me les rappelais, et il y avait quatre grandes maisons en vue, dessinées avec un grand soin de ne pas troubler le caractère du paysage. En bas, dans la verdure bordant la rivière, à l’endroit où elle tourne, avant les bras de Goring et de Streatley, une demi-douzaine de jeunes filles jouaient sur l’herbe. Elles nous saluèrent au passage, voyant que nous étions des voyageurs, et nous nous arrêtâmes un instant à causer avec elles. Elles s’étaient baignées, avaient des vêtements légers et les pieds nus, et se proposaient d’aller aux prairies du Berkshire, où la fenaison était commencée ; elles passaient le temps assez gaiement, en attendant que les gens du Berkshire vinssent les chercher avec leur bateau plat. D’abord elles voulurent que nous descendions avec elles dans le pré et déjeunions avec elles. Dick alors sortit sa théorie : il voulait commencer les foins plus haut sur le fleuve et ne pas gâter mon plaisir en m’en donnant ailleurs un avant-goût ; elles renoncèrent, mais à contre-cœur. En revanche,