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chanté de vous voir, Dick, vous et vos amis ; mais il est vrai que tout ne va pas bien, malgré le beau temps et la magnifique fenaison. Nous avons eu une mort ici.

— Eh bien, il faut vous faire une raison, voisin ; c’est chose inévitable.

— Oui, dit Walter, mais celle-ci fut une mort par violence, et il est probable qu’elle en amènera au moins une autre : et cela nous donne une sorte de sentiment de gêne entre nous ; et, à vrai dire, c’est un peu pourquoi si peu d’entre nous sont là ce soir.

— Racontez nous l’histoire, Walter ; peut-être cela vous aidera à secouer votre tristesse.

Walter dit :

— Oui, je vais le faire, et je le ferai en peu de mots, bien que, certes, on pourrait la délayer en une longue histoire, comme on faisait lorsqu’on traitait de semblables sujets, dans les anciens romans. Il y a ici une très charmante fille, que nous aimons tous, et que plusieurs font plus qu’aimer ; et, tout naturellement, elle aimait l’un de nous mieux que tous les autres. Et un autre d’entre nous (je ne le nommerai pas) devint bel et bien fou d’amour, et commença à se rendre aussi désagréable que possible — sans le faire exprès, bien entendu ; en sorte que la fille, qui l’aimait assez au commencement, se mit bel et bien à le détester. Naturellement, ceux qui le connaissaient le mieux, — moi entre autres — lui conseillèrent de s’en aller, car ses affaires empiraient de jour en jour.

Il ne voulut pas tenir compte de notre avis