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ne reverrais jamais la superbe fille. Bientôt j’insistai pour prendre les avirons, et je ramai pas mal ce jour-là ; ce qui évidemment explique que nous arrivâmes très tard à l’endroit que Dick s’était proposé d’atteindre. Clara fut particulièrement affectueuse envers Dick, comme je le remarquai de mon banc de rameur ; quant à lui il fut simplement aimable et gai comme toujours ; et j’étais heureux de le voir, car un homme de son caractère n’aurait pu accepter ses caresses joyeusement et sans embarras, s’il avait été le moindrement entortillé par la fée de notre logis de la nuit.

J’ai peu de choses à dire des délicieux détours du fleuve à cet endroit. Je constatai l’absence de villas bourgeoises, dont le vieillard s’était lamenté ; et je vis avec plaisir que mes vieux ennemis les ponts « gothiques » en fonte avaient été remplacés par de beaux ponts de chêne ou de pierre. De même les abords de la forêt que nous traversâmes avaient perdu leur apprêt de chasse de cour gardée, et ils étaient sauvages et magnifiques, quoique les arbres fussent évidemment bien soignés. Je pensai que le mieux était, pour avoir les renseignements les plus complets, de faire l’innocent au sujet d’Eton et de Windsor ; mais Dick me fit part de son savoir à peu près de lui-même, lorsque nous arrivâmes au barrage de Datchet. Il dit :

— Là-bas, il y a de beaux bâtiments anciens qui ont été construits pour servir de collège ou établissement d’instruction par un des rois du