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grandes maisons dans tous les jardins. Ah ! l’Angleterre était un pays important dans ce temps-là.

Je m’irritais peu à peu et je dis :

— C’est-à-dire que vous avez débourgeoisé le pays et envoyé promener les maudits pieds-plats ; tout le monde peut vivre confortablement et heureusement, et non plus seulement un petit nombre de maudits voleurs, qui étaient des ferments de vulgarité et de corruption, partout où ils demeuraient ; quant à cette charmante rivière, ils en avaient détruit la beauté moralement, et l’avaient presque détruite matériellement lorsqu’ils en ont été chassés.

Il y eut un silence après cette sortie, que je n’aurais pu retenir pour rien au monde, me souvenant combien j’avais souffert de l’esprit bourgeois et de ses effets sur ces mêmes rives, autrefois. Enfin le vieillard dit, très tranquillement :

— Mon cher Hôte, je ne sais vraiment pas ce que vous voulez dire avec vos bourgeois, pieds-plats, voleurs et damnés ; ni comment un petit nombre de gens seulement pourraient vivre heureusement et confortablement dans un pays riche. Tout ce que je puis voir, c’est que vous êtes en colère, et, j’en ai peur, contre moi : si vous voulez, nous parlerons d’autre chose.

Je trouvai que cela était aimable et hospitalier de sa part, vu son entêtement pour sa théorie ; et je me hâtai de dire que je n’avais pas été en colère, mais seulement emphatique. Il s’inclina gravement, et je croyais que l’orage