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vif désappointement, n’était pas avec eux, mais bientôt je vis une forme légère sortir du champ en haut de la pente et se diriger vers notre maison ; c’était Ellen, un panier à la main. Avant qu’elle arrivât à la porte du jardin, Dick et Clara sortirent qui s’arrêtèrent une minute, puis descendirent vers moi, laissant Ellen dans le jardin ; nous descendîmes ensuite tous les trois vers le bateau en causant : simple bavardage du matin. Là, nous restâmes un moment, pendant que Dick arrangeait certaines choses dans la barque, car nous n’avions emporté dans la maison que ce que la rosée aurait pu abîmer ; puis nous retournâmes à la maison, et lorsque nous fûmes près du jardin, Dick nous arrêta en posant la main sur mon bras, et dit :

— Tenez, regardez.

Je regardai, et par-dessus la haie basse je vis Ellen, protégeant ses yeux contre le soleil pour regarder du côté du champ où l’on faisait les foins ; un vent léger se jouait dans ses cheveux fauves, ses yeux étaient comme de brillantes pierreries au milieu de la figure hâlée et semblaient avoir gardé la chaleur du soleil.

— Voyez, Hôte, dit Dick ; est-ce que tout cela ne ressemble pas à un de ces contes de Grimm dont nous avons parlé à Bloomsbury ? Nous voici deux amoureux qui parcourons le monde, et nous sommes arrivés à un jardin enchanté, et voici la fée elle-même : je me demande ce qu’elle va nous faire ?

Clara, gravement, mais sans raideur, demanda :