Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/245

Cette page a été validée par deux contributeurs.

voir mieux faire pour vous, Hôtes ! Il y eut un temps où nous aurions pu avoir de Londres un beau morceau de saumon ; mais les temps sont devenus pauvres et mesquins.

— Oui, mais vous auriez pu l’avoir tout de même, dit la jeune fille rieuse, si vous aviez su qu’ils viendraient.

— C’est notre faute si nous ne l’avons pas apporté avec nous, dit Dick avec bonne humeur. Mais, si les temps sont devenus mesquins, on ne peut pas le dire des perches ; celle-là, dans le milieu, devait peser deux bonnes livres lorsqu’elle montrait ses raies noires et ses nageoires rouges dans l’eau aux goujons. Et quant aux saumons, voisins, voici mon ami, qui vient des pays étrangers, et qui fut tout étonné, hier matin, quand je lui dis que nous avions beaucoup de saumon à Hammersmith. Certes, je n’ai jamais entendu dire que les temps aient empiré.

Il parut un peu mal à l’aise. Et le vieillard, se tournant vers moi, me dit avec grande courtoisie :

— Eh bien, monsieur, je suis heureux de voir un homme de l’autre côté de la mer ; mais il faut vraiment que je vous prenne à témoin pour dire si, en somme, vous n’êtes pas mieux dans votre pays, où, je suppose, d’après ce que me dit notre hôte, vous devez être plus actifs, plus vivants, parce que vous n’avez pas complètement détruit la concurrence. Voyez-vous, j’ai lu pas mal de livres des temps passés, et ils sont certainement bien plus vivants que ceux