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n’était plus le vieil horrible avorton de fer, mais un beau travail de très solide charpente en chêne.

Nous entrâmes dans le palais, droit vers la grande salle que je me rappelais si bien ; des tables étaient dressées çà et là pour le dîner, et tout était disposé à peu près comme dans la salle des Hôtes de Hammersmith. Après le dîner, on flâna dans les salles antiques, où les peintures et les tapisseries étaient encore conservées sans grand changement, si ce n’est que les gens que nous rencontrions avaient un air indéfinissable d’être chez eux, à l’aise ; cette impression me gagna, et j’eus le sentiment que le magnifique vieux palais était à moi, dans le meilleur sens du mot ; le plaisir des jours passés parut s’ajouter au plaisir actuel et remplit mon âme de joie.

Dick (qui, malgré la pointe de Clara, connaissait fort bien l’endroit) me raconta que les belles chambres anciennes des Tudors, que je me rappelais avoir été habitées par le menu fretin des pieds-plats de la cour, servaient beaucoup maintenant aux gens de passage ; car, si belle que fût devenue l’architecture aujourd’hui, et bien que le pays tout entier eût recouvré sa beauté, une sorte de tradition de plaisir et de beauté demeurait attachée à ce groupe de constructions, et les gens considéraient la visite à Hampton Court comme une excursion d’été obligée, tout autant qu’à l’époque où Londres était si laid et si misérable. Nous entrâmes dans plusieurs chambres donnant sur le vieux