Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/216

Cette page a été validée par deux contributeurs.

duire sans drame ? De plus, pensez-y, le caractère de l’époque nouvelle, de notre époque, devait être la joie de la vie du monde, amour extrême et naïf, sensuel, de la surface même de la terre que nous habitons : ainsi l’amant aime la peau fine de sa maîtresse ; tel devait être, dis-je, le caractère nouveau de l’époque. Tous les modes autres que celui-là avaient été épuisés : le crétinisme incessant, l’acide désir d’analyser appliqué aux destinées et aux conceptions de l’homme avaient été le mode des anciens Grecs, qui y voyaient moins une méthode qu’une fin ; cela avait disparu sans retour et il n’en était vraiment resté aucune trace dans la soi-disant science du dix-neuvième siècle, qui, vous devez le savoir, était surtout une dépendance du système commercial ; et même souvent une dépendance de la police de ce système. Malgré les apparences, cette science était bornée et timide, parce qu’elle ne croyait pas vraiment à elle-même. Elle était le produit, comme elle était l’unique consolation du malheur de cette période, qui rendit la vie si amère, même aux riches, et que, ainsi que vous pouvez le voir de vos yeux, le grand changement avait abolie. Plus semblable à notre manière de considérer la vie a été le caractère du moyen-âge, lorsque le ciel et la vie de l’autre monde eurent une telle réalité qu’elles devinrent une partie de la vie sur la terre ; laquelle par suite fut aimée et parée, malgré les doctrines ascétiques des croyances formelles qui ordonnaient de la mépriser.