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de-faim des faubourgs de l’est ; et tout le monde trouva très naturel que le gouvernement tombât dessus à toute occasion.

Ce soir-là, les prisonniers rebelles furent visités dans leurs cellules par des personnes très polies et sympathiques, qui leur signalèrent quelle voie dangereuse, conduisant au suicide, ils suivaient, car ces moyens extrêmes nuisaient à la cause populaire. Un des prisonniers raconte : « Ce fut un vrai plaisir lorsque nous sortîmes, de comparer nos attitudes devant la tentative du gouvernement pour nous atteindre séparément dans la prison, et nos réponses aux flatteries des personnages d’une haute « intelligence et distinction » envoyés pour nous sonder. L’un rit ; un autre conta à l’envoyé d’extravagantes hâbleries ; un troisième garda un silence maussade ; un quatrième maudit l’espion poli et lui ordonna de fermer sa gueule ; — et ce fut tout ce qu’ils tirèrent de nous. »

Ainsi se passa le second jour de la grande grève. Il était évident pour tous ceux qui savaient réfléchir que le troisième jour déterminerait la crise ; car l’incertitude actuelle et la terreur mal dissimulée étaient insupportables. Les classes dirigeantes, et les non-politiciens de la classe moyenne, qui avaient été leur véritable force et soutien, étaient comme des moutons sans berger ; littéralement, ils ne savaient que faire.

On trouva qu’une chose était à faire : essayer d’amener les « rebelles » à faire quelque chose.