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seconde fois devant le tribunal sous une forte escorte de soldats, furent, pour la seconde fois, renvoyés à une autre audience. La grève continua encore ce jour-là. Les comités des travailleurs furent renforcés et donnèrent des secours à un grand nombre de gens, car ils avaient organisé une production considérable de nourriture au moyen des hommes dont ils pouvaient disposer. Un bon nombre de gens bien posés étaient maintenant obligés de chercher secours auprès d’eux. Un autre fait curieux se produisit : des jeunes gens des classes supérieures se formèrent en bande armée, et tranquillement s’en allèrent marauder par les rues, prenant ce qui leur convenait en fait de choses comestibles ou potables qu’ils découvraient dans les boutiques qui s’étaient risquées à ouvrir. Ils se livrèrent à cette opération dans Oxford-Street, alors une grande rue de boutiques de toutes sortes. Le gouvernement, qui était à ce moment dans un de ses accès de faiblesse, pensa que C’était une bonne occasion pour montrer son impartialité dans le maintien de « l’ordre », et fit arrêter ces riches jeunes gens affamés ; mais ceux-ci surprirent la police par une vigoureuse résistance, en sorte que tous échappèrent, sauf trois. Le gouvernement n’obtint pas la réputation d’impartialité qu’il espérait de cet acte ; car il avait oublié qu’il n’y avait pas de journaux du soir ; et le récit de cette escarmouche se répandit beaucoup, mais sous une forme défigurée ; elle fut en effet surtout présentée comme un simple exploit des meurt-