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ment et tous ceux à qui ils pouvaient s’en prendre, si « l’ordre n’était pas immédiatement restauré ». Une délégation de gens influents dans le commerce se rendit auprès du gouvernement, et lui dit que si le Comité de Salut public n’était pas aussitôt arrêté, eux-mêmes réuniraient un corps d’hommes, qu’ils armeraient, pour tomber sur « les incendiaires », comme ils les appelaient.

Accompagnés de plusieurs éditeurs de journaux, ils eurent une longue conférence avec les chefs du gouvernement et deux ou trois militaires, les plus habiles en leur genre que l’on pût trouver dans le pays. La délégation sortit de cette conférence, dit un témoin oculaire, souriante et satisfaite, et ne parla plus de lever une armée antipopulaire ; l’après-midi, ses membres quittèrent Londres avec leurs familles pour se rendre à leurs résidences de campagne ou ailleurs.

Le lendemain matin, le gouvernement proclama l’état de siège à Londres, — chose assez fréquente parmi les pays à gouvernements absolus du continent, mais inconnue en Angleterre à cette époque. Ils désignèrent le plus jeune et le plus capable de leurs généraux pour gouverner la ville ; c’était un homme qui avait gagné une sorte de réputation dans les affreuses guerres auxquelles le pays avait pris part de temps en temps. Les journaux furent dans l’extase et on vit alors au premier rang les réactionnaires les plus ardents, hommes qui, en temps ordinaire, étaient obligés de garder leurs opi-