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parut brisée en morceaux à cause de cela : mais, à l’époque dont je vous parle, les choses semblaient si imminentes, et, du moins pour les ouvriers, la nécessité de leur action dans la tourmente qui se précipitait, produite par la lutte du travail, était si évidente, que la situation avait développé parmi tous les gens capables de raison une profonde gravité, une résolution qui rejetait tout ce qui n’était pas essentiel, et qui, pour quiconque pensait, était grosse du changement prochain : un tel milieu était trop dangereux pour des traîtres et de simples égoïstes, et peu à peu ils furent chassés et rejoignirent, pour la plupart, les réactionnaires déclarés.

— Et ces améliorations, dis-je, qu’étaient-elles ? ou plutôt de quelle nature ?

— Quelques-unes, et celles-là de l’importance la plus effective pour la vie matérielle, furent admises par les maîtres sous la contrainte directe des ouvriers ; les nouvelles conditions de travail ainsi obtenues n’étaient que de simples coutumes, sans force de loi ; mais, une fois établies, les maîtres n’osaient pas essayer de les retirer, en face du pouvoir grandissant des Travailleurs Unis. Quelques-unes aussi étaient des poussées faites sur le sentier du socialisme d’État ; on a vite fait d’en résumer les plus importantes. À la fin du dix-neuvième siècle, un cri s’éleva, qu’il fallait forcer les maîtres à employer leurs hommes un moins grand nombre d’heures par jour ; ce cri enfla rapidement, et les maîtres durent céder. Mais il était bien évi-