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pouvait y avoir de traditions sociales dans le pays condamné, en y détruisant à loisir tout ce qu’il lui plairait. Il forçait les indigènes à recevoir des produits dont ils n’avaient pas besoin et s’emparait de leurs produits naturels en « échange », — c’était le nom de cette sorte de vol, — et, par là il « créait de nouveaux besoins », et pour y suffire (c’est-à-dire pour que leurs nouveaux maîtres leur permissent de vivre), les malheureux, impuissants, étaient obligés de se vendre et se soumettre à l’esclavage de l’écrasant travail sans espoir, afin d’avoir de quoi acheter les inutilités de la « civilisation ». Ah ! dit le vieillard en désignant le musée, j’ai lu des livres et des papiers là-dedans où sont racontées d’étranges histoires sur la manière dont la civilisation (ou misère organisée) traitait la « non-civilisation » ; depuis le temps où le gouvernement britannique envoyait, de propos délibéré, des couvertures infectées de petite vérole, comme poison de choix, à d’innocentes tribus de Peaux-Rouges, jusqu’à l’époque où l’Afrique fut dévastée par un homme appelé Stanley, qui…

— Pardon, dis-je, mais, vous le savez, le temps presse, et je désire continuer notre sujet suivant le chemin le plus court possible ; je voudrais tout de suite vous demander ceci, sur les produits fabriqués pour le marché mondial : quelle était leur qualité ? ces gens, qui étaient si habiles à fabriquer, je suppose qu’ils fabriquaient bien ?

— La qualité ! dit le vieillard d’un ton bour-