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Hammond dit :

— Si celui qui agit mal n’est pas malade ou fou (auxquels cas il doit être mis à l’écart jusqu’à ce que sa maladie ou sa folie soit guérie), il est évident que la douleur et l’humiliation doivent suivre la mauvaise action ; et la société en général saura manifester cette évidence aux yeux de celui qui agit mal, si d’aventure il y était peu sensible ; et, par là encore, une sorte de réparation s’ensuivrait, tout au moins un témoignage public de douleur et d’humiliation. Est-il si pénible de dire : « Je vous demande pardon, voisin » ? Eh oui, quelquefois c’est pénible, et voilà tout.

— Vous croyez que cela suffit ? demandai-je.

— Oui, et de plus c’est tout ce que nous pouvons faire. Si par surcroît nous torturons l’homme, nous transformons sa douleur en colère, et l’humiliation qu’autrement il éprouverait de sa mauvaise action est étouffée par un espoir de se venger de notre mauvaise action envers lui. Il a payé la pénalité légale, et peut « aller et pécher de nouveau » à son aise. Faudra-t-il donc commettre pareille folie ? Souvenez-vous que Jésus avait obtenu la remise de la pénalité légale avant de dire : « Allez et ne péchez plus. » Sans compter que, dans une société d’égaux, vous ne trouverez personne pour jouer le rôle de tortureur ou de geôlier, tandis que vous trouverez beaucoup de monde pour se faire garde-malade ou médecin.

— Alors, vous considérez le crime comme une pure maladie spasmodique, qui ne demande