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y faites bien attention, vous trouverez que ce qu’il y avait au fond de ces misères était surtout l’idée (une idée créée par la loi), que la femme est la propriété de l’homme, qu’il soit mari, père, frère, ou n’importe quoi. Cette idée-là, bien entendu, a disparu avec la propriété privée, aussi bien que certaines folies sur ce que les femmes « se perdent » à suivre leurs désirs naturels d’une façon illégale, ce qui était naturellement une convention causée par les lois de la propriété privée.

Une autre cause connexe de crimes de violence était la tyrannie familiale, qui a été le sujet de tant de romans et d’histoires du temps passé, et qui, elle aussi, était le résultat de la propriété privée. Naturellement, tout cela est fini, puisque les familles ne sont unies par aucun lien de contrainte, légal ou social, mais seulement par le goût et l’affection mutuels, et l’on est libre d’aller ou de venir, comme il plaît à chacun ou à chacune. Et encore, nos étalons d’honneur et d’estime publique sont très différents des anciens ; réussir à surpasser ses voisins est un chemin vers la renommée maintenant fermé, espérons-le, pour toujours. Chaque homme est libre d’exercer ses facultés particulières de tout son pouvoir, et chacun l’encourage à le faire. En sorte que nous nous sommes débarrassés de l’envie au regard torve, accouplée par les poètes avec la haine, certes avec raison ; des montagnes de malheur et d’animosité ont été ainsi amoncelées qui, chez les hommes irritables et passionnés, — c’est-à-