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aboli le Code civil. Est-ce vrai, littéralement ?

— Il s’est aboli de lui-même, mon ami. Comme je l’ai dit déjà, les tribunaux civils étaient établis pour la défense de la propriété privée ; car personne n’a jamais considéré comme possible de contraindre les gens à se bien conduire les uns vis-à-vis des autres au moyen de la force brutale. Eh bien, la propriété privée étant abolie, toutes les lois et tous les « crimes » légaux qu’elle avait fabriqués ont pris fin. « Tu ne voleras pas » a dû être traduit par « Tu travailleras pour vivre heureusement ». Est-il nécessaire de fortifier ce commandement par la violence ?

— Bon, ceci est compris, et je suis d’accord là-dessus ; mais, et les crimes de violence ? Est-ce que leur existence (et vous reconnaissez que ces faits se produisent) ne rend pas nécessaire le Code criminel ?

— Dans votre sens du mot, nous n’avons pas non plus de loi criminelle. Considérons le sujet de plus près, et voyons d’où jaillissent les crimes de violence. Le plus grand nombre de beaucoup, aux temps passés, était le résultat des lois sur la propriété privée, qui interdisaient à tous, sauf quelques privilégiés, la satisfaction des plaisirs naturels, et de l’évidente contrainte générale, suite de ces lois. Cette cause de crimes violents a complètement disparu. En outre, bien des actes violents provenaient de la perversion artificielle des passions sexuelles, qui était cause de présomptueuses jalousies et d’autres misères. Eh bien, si vous