Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/128

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ment c’était les tribunaux, appuyés par l’exécutif, qui maniait la force brute que le peuple trompé lui permettait d’employer à son propre service, je veux dire l’armée, la marine et la police.

Moi. — Les hommes raisonnables sont obligés de penser que vous avez raison.

H. — Et maintenant ces tribunaux. Étaient-ils lieux où l’on agissait loyalement selon les idées de l’époque ? Un pauvre homme avait-il chance d’y bien défendre sa propriété et sa personne ?

Moi. — C’est un lieu commun que même des gens riches regardaient un procès comme un affreux malheur, même s’ils le gagnaient ; et quant à un pauvre,… on considérait comme un miracle d’équité et de générosité, qu’un pauvre homme, une fois pris dans les griffes de la loi, échappât à la prison ou à la ruine totale.

H. — Il semble donc, mon fils, que le gouvernement par les tribunaux et la police, qui était le véritable gouvernement du dix-neuvième siècle, n’était pas très merveilleux, même pour les gens de cette époque, vivant sous un régime de classes qui proclamait l’inégalité et la pauvreté comme la loi de Dieu et le lien qui maintenait le monde.

Moi. — Oui, il semble.

H. — Et maintenant que tout cela est changé, et que les « droits de la propriété », — c’est-à-dire les poings crispés sur un stock de marchandises, et le cri aux voisins : vous ne les aurez pas ! — maintenant que tout cela a disparu si complètement qu’il n’est même plus