Page:William Morris - Nouvelles de Nulle Part.djvu/115

Cette page a été validée par deux contributeurs.

domine l’extrémité nord-ouest de la forêt que vous avez traversée.

Je souris.

— Voilà donc ce qui a été Londres, dis-je. Maintenant, parlez-moi des autres villes du pays.

— Quant aux lieux sombres qui étaient autrefois, comme nous savons, les centres manufacturiers, ils ont disparu comme le désert londonien de briques et de mortier ; seulement, comme ils n’étaient des centres de rien, que de « manufactures », et n’avaient d’autre objet que le marché du jeu, ils ont laissé moins de traces de leur existence que Londres. Bien entendu, le grand changement dans l’emploi de la force mécanique rendait cela facile, et ils auraient probablement cessé d’être des « centres », même si nous n’avions pas changé nos habitudes ; mais, étant ce qu’ils étaient, aucun sacrifice ne nous a paru trop grand pour nous débarrasser des « districts manufacturiers », comme on les appelait. D’ailleurs, tout le charbon et le minerai dont nous avons besoin est extrait et envoyé là où on en a besoin avec aussi peu de saleté et de désordre que possible, et sans autant troubler la vie de gens tranquilles. On serait tenté de croire, d’après ce qu’on a lu sur l’état de ces districts au dix-neuvième siècle, que ceux qui les tenaient en leur pouvoir tourmentaient, salissaient et avilissaient les hommes par méchanceté préméditée ; mais il n’en était pas ainsi : comme la fausse éducation dont nous avons parlé tout à l’heure, cela venait de leur effrayante pauvreté. Ils étaient obligés