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quefois ils volent à travers les arbres, et quelquefois ils couchent sur le gazon et autour de l’étang. Il n’y a pas dans le monde d’oiseaux si merveilleux. Il n’y a aucun roi du monde qui possède des oiseaux aussi merveilleux. Je suis sûr que même César ne possède pas d’oiseaux aussi beaux. Eh bien ! je vous donnerai cinquante de mes paons. Ils vous suivront partout, et au milieu d’eux vous serez comme la lune dans un grand nuage blanc… Je vous les donnerai tous. Je n’en ai que cent, et il n’y a aucun roi au monde qui possède des paons comme les miens, mais je vous les donnerai tous. Seulement, il faut me délier de ma parole et ne pas me demander ce que vous m’avez demandé. (Il vide la coupe de vin.)

SALOMÉ

Donnez-moi la tête d’Iokanaan.

HÉRODIAS

C’est bien dit, ma fille ! Vous, vous êtes ridicule avec vos paons.

HÉRODE

Taisez-vous. Vous criez toujours. Vous criez comme une bête de proie. Il ne faut pas crier comme cela. Votre voix m’ennuie. Taisez-vous, je vous dis… Salomé, pensez à ce que vous