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On ne devrait point exposer au public l’existence privée des hommes ou des femmes. Le public n’y a rien à voir.

En France on s’y prend mieux.

Dans ce pays on interdit la reproduction par les journaux des détails des procès qui se débattent devant les tribunaux de divorces, et qui seraient un objet d’amusement ou de critique pour le public. Tout ce que celui-ci peut savoir se réduit à ceci, le divorce a été accordé, ou non. Il l’a été au profit de tel ou telle des intéressés.

En France, vraiment on impose des bornes au journaliste, mais on laisse à l’artiste une liberté presque absolue.

Chez nous, au contraire, c’est au journaliste que nous accordons la liberté intégrale tandis que nous limitons étroitement l’artiste.

En d’autres termes, l’opinion publique s’évertue, en Angleterre, à ligoter, gêner, entraver l’homme qui fait des choses belles, qui les exécute ; mais elle force le journaliste à vendre au détail, des objets de nature laide, repoussante, révoltante, si bien que chez