Page:Wilde - Le Portrait de monsieur W. H., trad. Savine, 1906.djvu/154

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
145
LE FANTÔME DE CANTERVILLE

aider, vous pouvez m’ouvrir toutes grandes les portes de la Mort, car l’Amour vous accompagne toujours et l’Amour est plus fort que la Mort.

Virginia trembla. Un frisson glacé la parcourut et pendant quelques instants régna le silence.

Il lui semblait qu’elle était dans un rêve terrible.

Alors le Fantôme reprit la parole, d’une voix qui résonnait comme les soupirs du vent :

— Avez-vous jamais lu la vieille prophétie sur les vitraux de la bibliothèque ?

— Oh ! souvent, s’écria la fillette, en levant les yeux, je la connais très bien. Elle est peinte en curieuses lettres dorées, et elle est difficile à lire. Il n’y a que six vers :

Lorsqu’une jeune fille blonde saura amener
Sur les lèvres du pécheur une prière,
Quand l’amandier stérile portera des fruits
Et qu’une enfant laissera couler ses pleurs,
Alors toute la maison retrouvera le calme,
Et la paix rentrera dans Canterville.

Mais je ne sais pas ce que cela signifie.