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LE FANTÔME DE CANTERVILLE

de sa mère, car elle venait souvent travailler dans cette chambre.

Elle y jeta un coup d’œil pour prier la femme de raccommoder son habit.

Mais à son immense surprise, c’était le fantôme de Canterville en personne !

Il était assis devant la fenêtre, contemplant l’or roussi des arbres jaunissants, qui voltigeait en l’air, les feuilles rougies qui dansaient follement tout le long de la grande avenue.

Il avait la tête appuyée sur sa main, et toute son attitude révélait le découragement le plus profond.

Il avait vraiment l’air si abattu, si démoli, que la petite Virginia, au lieu de céder à son premier mouvement, qui avait été de courir s’enfermer dans sa chambre, fut remplie de compassion, et prit le parti d’aller le consoler.

Elle avait le pas si léger, et lui il avait la mélancolie si profonde, qu’il ne s’aperçut de sa présence que quand elle lui parla.

— Je suis bien fâchée pour vous, dit-elle, mais mes frères retournent à Eton demain.