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Il avait presque oublié ce qu’il avait fait et ce lui sembla une curieuse coïncidence que Sybil, pour l’amour de qui il avait traversé toutes ces angoisses, fût la première à les lui rappeler.

— Bien entendu, Sibyl, ceci est à vous. C’est moi-même qui l’ai donné à la pauvre lady Clem.

— Oh, merci, Arthur. Et aurais-je aussi le bonbon[1] ? Je ne savais pas que lady Clementina aimât les douceurs : je la croyais beaucoup trop intellectuelle.

Lord Arthur devint terriblement pâle et une horrible idée lui traversa l’esprit.

— Un bonbon, Sybil ! Que voulez-vous dire ? demanda-t-il d’une voix basse et rauque.

— Il y en a un là-dedans, un seul. Il paraît vieux et sale et je n’ai pas la moindre envie de le croquer… Qu’y a-t-il, Arthur ? Comme vous pâlissez !

Lord Arthur bondit à travers le salon et saisit la bonbonnière.

  1. En français dans le texte.