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La voix de Mérédith, une voix blanche, m’appelait de la chambre entr’ouverte.

J’entrai.

Madame Marcelle, pâle et défaite, pleurait au pied du lit.

Mérédith, du geste, me désigna le cadavre.

Je m’approchai.

Comme me l’avait révélé le premier coup d’œil, lord William avait cessé de vivre. Dans un examen rapide, je voulus rechercher les causes du décès.

Quelque souci, quelque préoccupation que j’eusse des événements de la nuit, rien de significatif ne permettait de douter que la mort ne fût naturelle : c’était une rupture d’anévrisme en apparence indiscutable. La course disproportionnée aux forces du malade, ses abus habituels des boissons alcooliques, ses excès de la veille pouvaient expliquer l’accident.

J’avais tremblé. Mérédith était si bon comédien et si savant chimiste.

Je sentis un poids de moins sur mon cœur. Après tout, le médecin légiste se débrouillerait