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promis qu’après les fatigues d’Estella, l’Espagne serait à eux.

Tous, ils ont soif de vengeance et de sang, et c’est la joie de verser le sang qui les maintient debout, si las, si épuisés qu’ils se sentent.

Basques, Navarrais, Catalans, fils d’exilés morts de faim et de misère sur le sol étranger, ils ont des colères de fauves contre ces réguliers qui leur disputent la route des plateaux de Castille, la voie des palais où ils ont juré de replacer le roi légitime pour se partager, sur les marches du trône rétabli, les dignités du royaume et les richesses des vaincus.

Entre ces montagnards et les hommes des nouveaux partis, il n’y a pas que des rancunes politiques : il y a surtout et avant tout un vieux compte de meurtres impunis, de pillages sans rançon, d’incendies sans revanche.

Aussi, quand un soldat de Concha leur tombe aux mains, malheur à lui ! Il paie pour les autres, pour ceux qui s’échappent.