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corps flottant sur une grande mare et le portèrent à sa petite ferme.

Tout le monde alla à l’enterrement du petit Hans, car il était très aimé, et le meunier figura en tête du deuil.

— J’étais son meilleur ami, dit le meunier ; il est de droit que j’aie la place d’honneur.

Il prit donc la tête du cortège en long manteau noir et, de temps en temps, il essuyait ses yeux avec un grand mouchoir de poche.

— Le petit Hans est à coup sûr une grande perte pour nous tous, dit le ferblantier, quand les funérailles furent terminées et que le deuil fut confortablement assis à l’auberge à boire du vin aux épices et à manger de bons gâteaux.

— C’est surtout une grande perte pour moi, répondit le meunier. Ma foi, j’étais assez bon pour me proposer de lui donner ma brouette et maintenant je ne sais qu’en faire. Elle me gêne à la maison et elle est en si mauvais état que si je la vendais je n’en tirerais rien. Certainement je ne donnerai désormais plus