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— Était-ce un homme vraiment distingué ? demanda le rat d’eau.

— Non, répondit la linotte. Je ne crois pas qu’il fût du tout distingué, sauf par son bon cœur et sa brune et plaisante figure ronde. Il vivait dans une pauvre maison de campagne et tous les jours il travaillait son jardin. Dans tout le terroir, il n’y avait pas de jardin aussi joli que le sien. Il y poussait des œillets de poète, des giroflées, des bourses à pasteur, des saxifrages. Il y poussait des roses de Damas, des roses jaunes, des crocus lilas et or, des violiers rouges et blancs. Selon les mois y fleurissaient à tour de rôle églantines et cardamines, marjolaines et basilics sauvages, primevères et iris d’Allemagne, asphodèles et œillets-girofles. Une fleur prenait la place d’une autre fleur. Aussi y avait il toujours de jolies choses à regarder et d’agréables odeurs à respirer.

Le petit Hans avait beaucoup d’amis, mais le plus dévoué de tous était le grand Hugh le meunier. Vraiment le riche meunier était si dévoué au petit Hans qu’il ne serait jamais