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ÂME BLANCHE

reconnaîtra même pas son enfant…, et quelle scène pénible pour Lina ! Ne vaudrait-il pas mieux pour elle conserver le souvenir de sa mère telle que celle-ci était avant la catastrophe ? Avec cela que, nerveuse comme est cette petite, une semblable entrevue pourrait bien lui être funeste.

— Cependant, mon père, est-il possible de l’empêcher de voir sa mère, à présent qu’elle a l’âge de raison ? C’est si naturel, me semble-t-il, intervenait Mlle Veydt.

— Naturel ? Oh ! certainement… mais absurde quand même.

À ce moment, la conversation dévia : le patriarche expliquait à ma tante qu’il se trouvait, réellement, dans une situation d’argent assez précaire et que ce serait d’une bonne fille de lui avancer quelques fonds sur ses économies personnelles, car il avait été absolument mis à sec par une philanthropie immodérée.

— Oh ! ce père… toujours trop généreux ! s’écria la vieille demoiselle avec admiration. Trois cents francs vous suffiront-ils ? demanda-t-elle encore.

Et elle ajouta, d’un ton timide :

— Il y a eu votre emprunt du mois d’août, que vous n’avez pas réglé jusqu’ici et qui m’empêche de vous donner davantage.

— Je tâcherai de m’arranger de ces trois cents francs, fit le docteur avec condescendance.