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IX


Des années passèrent…

Je portais les cheveux très longs, séparés en deux nattes tombantes qu’allongeaient encore des nœuds de ruban. Je crois que de là venait ma ressemblance avec Henriette Erlanger et qu’un observateur attentif n’eût pas découvert entre nous d’autre rapport physique : elle était, comme moi, une petite fille de dix ans et nous avions la même coiffure. Ses cheveux étaient noirs et les miens blonds ; ses yeux étaient bruns et les miens bleus ; elle était très forte et moi très frêle. Pourtant, je ne pouvais pas entrer dans la boutique de ses parents — ils vendaient des merceries et des flanelles au détail — sans que j’entendisse de nombreuses voix s’écrier :

— On dirait notre Henriette. C’est tout à fait Henriette :  !

Henriette était en pension, loin de Bruxelles, et les siens aimaient à me voir parce que je la leur rappelais. Pour moi, c’était tout bénéfice : on me fêtait chez les Erlanger ; ils étaient nos voisins et je courais chez eux aussitôt mon retour de l’école, à tout propos et hors de propos