Page:Wiele - Ame blanche.djvu/78

Cette page a été validée par deux contributeurs.
76
ÂME BLANCHE

toutefois, des nains pleins de malice en eurent raison : c’est aussi vrai que je suis ici.


Le soir, quand l’ombre commençait à emplir ma chambre de légers tulles noirs, j’attendais presque et je désirais vivement, avec un peu d’agitation, la venue de ces nains spirituels et si bienfaisants dont on m’avait parlé et qui surgissent toujours chez vous spontanément quand leur présence va y devenir nécessaire. Je frissonnais, mais c’était un frisson sans angoisse, un frisson provoqué par le mystère dont mon imagination enveloppait ces personnages de sortilège, bien plutôt que par la terreur qu’ils auraient pu m’inspirer. C’était une échappée ouverte sur les champs lumineux de la Féerie et j’étais dans l’enthousiasme d’y marcher.

Chère Sainte Véronica ! j’aurais éternisé ma convalescence pour que cette bonne vie menée ensemble s’éternisât : éveillée ou endormie, que l’excellente fille fût en train de me narrer ses légendes ou qu’un joli rêve m’en donnât l’illusion, leurs personnages fantastiques, grotesques ou charmants, habitaient mon esprit et ce merveilleux m’était doux au milieu de la prose étroite et sèche où l’on m’élevait systématiquement.