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ÂME BLANCHE

cacher. Entre la couturière et moi existait ce courant de sympathie magique, grâce auquel deux créatures se comprennent et se pénètrent, sans avoir eu besoin de se rien confier. Elle me savait malheureuse et je la savais pauvre.

Aussitôt que je fus assez remise pour pouvoir sans défaillance supporter durant un certain temps le bruit de sa voix, elle consentit à me dire des histoires. C’étaient celles écoutées tant de fois déjà l’hiver, dans la lingerie, de ma petite chaise, les pieds sur la chaufferette que Mlle Ruys, invulnérable au froid, m’abandonnait ; mais il en est des contes faits aux enfants comme de leur musique préférée pour les vrais mélomanes : ils les aiment d’autant plus qu’ils les ont entendus plus souvent.

Et j’implorais ma garde-malade :

Sainte Véronica, racontez-moi les aventures de Tyll.

— Ah ! Tyll ? questionnait la bonne fille, celui qui fit bouillir le chien de son maître parce que ce chien s’appelait Houblon et qu’on lui avait recommandé de mettre le houblon au feu ?

— Oui, oui, justement, disais-je, en battant des mains.

Et elle commençait :

— Tyll Uylenspiegel naquit à Damme, en 1325…