Page:Wiele - Ame blanche.djvu/73

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
71
ÂME BLANCHE

lasse de m’avoir soignée, était partie en villégiature chez une parente, au bord de la mer. Mlle Veydtet Wantje, absorbées par la fabrication des confitures, dans le sous-sol, ne montaient guère à ma chambre. Quant au docteur, il s’inquiétait, certes, moins de sa petite-fille que du pommeau de sa canne, et ses visites, en haut, étaient devenues peu fréquentes depuis que j’étais en voie de guérison. Sinte Véronica fut, bientôt, seule à s’occuper de moi.

Elle avait une manière de me soulever dans mon lit quand, les membres gourds d’être restée trop longtemps immobile, je souhaitais de changer de position, une manière qui doit être celle des religieuses hospitalières, et qui m’amollissait le cœur en me faisant penser à maman ; jamais il ne me fallait exprimer un désir, Véronica les prévenait tous. C’est ainsi que je trouvai des fleurs sur ma couverture, un matin, à mon réveil, juste quand je commençais à songer qu’il me serait doux d’en avoir : des pervenches et des marguerites, bouquet sans parfum, choisi exprès par ma garde-malade qui me savait bien faible encore et si facile à intoxiquer par les odeurs trop pénétrantes ! Le même jour, je mangeai mon premier œuf à la coque : Mlle Ruys me coupait des mouillettes et, comme j’étais affamée, elle me disait de temps en temps, pour m’empêcher de me faire mal :