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ÂME BLANCHE

au docteur tel aliment compliqué qu’il désirait et qui allait coûter un prix fou, tel appareil perfectionné pour la confection de son café ou l’ébullition de ses asperges en branches.

Mon grand-père, en son intérieur, avait l’importance d’une idole hindoue dans son temple, puissante, superbe, redoutée, que les plus précieux encens doivent trouver sans surprise, Sa famille, et jusqu’à la servante, Wantje, parlaient de ses mérites avec ferveur :

— Votre père travaille…, avait coutume de dire Mme Veydt à ses enfants quand ils étaient tout jeunes, — et que celui-ci fût, d’ailleurs, au lit, au cercle ou à la promenade.

C’était sa manière de le défendre contre toute mauvaise imputation ; il écrivait, selon elle, un ouvrage très érudit sur les maladies nerveuses, qui nécessitait des recherches considérables, un labeur de bénédictin, qui obligeait M. Veydt, chaque soir, l’heure de la consultation et des visites passée, à s’exténuer à la Bibliothèque royale sur de vieux textes mystérieux.

Et mon père et mes tantes s’étaient habitués à admirer profondément ce grand homme si occupé, dont l’œuvre géniale couvrirait de gloire leur nom. La plus jeune des demoiselles Veydt, lasse, sans doute, d’attendre ce beau résultat, était entrée en religion ; elle s’était faite sœur hospitalière, ce dont son père ne