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ÂME BLANCHE

Il en fut ainsi jusqu’au jour où l’arrivée d’un hôte nouveau, d’une petite fille blonde aux yeux bleus, mit la résidence des Tilleuls en joie.

L’aïeule, conduite devant le berceau, eut alors un mouvement inspiré, adorable, divin : elle tendit les bras vers le bébé qui s’éveillait et comme celui-ci levait les paupières, montrant l’azur de ses prunelles, elle s’écria, le prenant, le serrant contre elle, et le berçant avec des précautions et des délicatesses infinies :

— Lina, ma petite, mon enfant !

Ma mère venait de me reconnaître dans ma fille.


Elle a gardé cette illusion. Avec notre petite Évangéline, elle est une maman intelligente, attentive, passionnément aimante et d’une jeunesse que rien, semble-t-il, n’altèrera jamais. Elle se conduit avec cette enfant comme j’imagine qu’elle dut le faire avec moi quand j’avais le même âge, et elles ont ensemble des dialogues, des jeux dont tout le monde est exclu, qu’elles comprennent seules et qui font sortir de leurs lèvres sereines des éclats de rire délicieusement puérils.

Ces scènes, dans le somptueux décor de la campagne flamande, n’ont, pour nous, rien de pénible ; elles sont, au contraire, pacifiantes et, en quelque sorte, consolantes. Mme Veydt n’est