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ÂME BLANCHE

moment, le foyer est bien près d’être reconstruit…

— Mais, il est reconstruit tout à fait, mon ami, répliquais-je.

— Non, pas tout à fait…, pas encore. Mais il s’en faut de bien peu de temps qu’il ne le soit.


C’était au crépuscule, un peu avant notre départ pour la station de Vichte où nous devions, mon oncle et moi, prendre le train pour Anvers ; les cloches, au loin, sonnaient l’Angélus. J’étais seule dans le jardin avec Jacques qui cherchait pour moi les premières violettes sous la mousse. Il les réunit en bouquet et, me les offrant :

— Voulez-vous me promettre que vous reviendrez aux Tilleuls avec votre pauvre mère, aussitôt que le professeur Oppelt aura jugé ce voyage sans danger pour sa pensionnaire et que, moi-même, j’aurai jugé le logis digne de vous abriter toutes les deux ? fit-il.

Quelle voix secrète et impérieuse dicta ma réponse, à cette minute ? Celle-ci fut si prompte, si nette, si décisive que je n’ai jamais voulu admettre qu’elle pût venir de moi seule ni qu’aucune force occulte n’eût surgi, soudain, pour me la souffler :

— Oui, prononçai-je, avec une énergie que je ne me connaissais pas, oui, Jacques, je vous le promets.