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ÂME BLANCHE

tromper jamais, les titres d’opéras ou de compositions classiques aimés d’elle en sa jeunesse et que j’interprètais ainsi à son intention.

— C’est de bon augure, n’est-ce pas ? répétait Jacques Holstein, enthousiasmé, c’est un progrès considérable, me semble-t-il.

C’en était un, en effet, et capital. Je le reconnus avec mon ami, sans, cependant, partager tout à fait l’optimisme qui le faisait voir, dans un avenir très prochain, la pensionnaire du docteur Oppelt rendue à la raison.

Et il se mit à vanter la paix des champs, en m’avouant qu’il n’espérait l’entière guérison de ma mère que de son transfert à la campagne et, non plus dans un sanatorium, mais dans une demeure dont elle serait la maîtresse et où, moi-même, je serais en permanence pour lui donner mes soins.

— Voyez-vous, Lina, conclut-il, avec une gravité qui métamorphosait l’expression joviale de ses traits, toute régénérescence physique et morale, toute santé, toute beauté doivent venir de ceci : d’une vie simple et normale, au grand air ; en ville, tout le monde, tout le monde sans exception, est plus ou moins fou, croyez-moi ; c’est une vérité évidente pour ceux qui sont de passage dans les capitales après un long séjour aux champs. L’existence malsaine de la ville a, certainement, influé autrefois sur le dérangement cérébral de votre mère et peut-être bien que