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ÂME BLANCHE

depuis des semaines, quand la famille en fut informée par le médecin de la malade.

Alors, les formalités recommencèrent ; le même conseil de famille fut assemblé qui décida de pourvoir la pauvre femme, devenue incapable de se conduire ni de conduire qui que ce fût, des mêmes tuteurs que j’avais, moi, tandis qu’on la déclarait, du fait de sa démence constatée, déchue de la tutelle de son enfant.

Toutes choses ainsi arrangées et la malade internée à Uccle, on ferma notre jolie maison de la place du Béguinage, après avoir congédié les bonnes, vendu le chien, — qui était de race, — donné le chat, — qui était merveilleux à la chasse aux souris, — et ma tante Josine m’emmena rue Marcq, chez mes grands-parents.

Mlle Josine Veydt, la sœur aînée de mon père, avait alors quarante-cinq ans et paraissait, à mes yeux, une très, très vieille personne. Courte sur jambes et un peu boiteuse, elle n’avait jamais été jolie, devenait tout à fait laide, le savait et en éprouvait beaucoup de chagrin. Elle était de ces filles sur le retour, de qui le célibat a aigri le cœur et quelque peu déformé le caractère. Je crois que ma mère, particulièrement avait eu à en souffrir. Mais une chose exquise et profonde contrebalançait ce que ma tante Josine avait de trop acariâtre dans les manières : c’était son amour pour Jules