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ÂME BLANCHE

mon oncle et ma tante : devant eux, un visiteur d’une vingtaine d’années, grand, brun et barbu, était debout dans l’attitude de la déférence et du respect :

— C’est moi, Lina, fit-il joyeusement, dès qu’il me vit paraître.

Et je reconnus Jacques Holstein : il avait toujours, sur un corps singulièrement grandi, souple et fort, sa tête ronde d’enfance, sa physionomie ouverte et gaie, sa bouche lourde, aux lèvres de bonté, ses yeux de franchise et de belle paix morale. Il dit, avec aisance et simplicité :

— J’ai terminé mes études à Gembloux ; si mon tuteur y consent, je vais aller m’installer à Vichte-Sainte-Marie, en la ferme des Tilleuls, et essayer sur vos terres, Lina, mes connaissances agricoles.

M. Lorentz lui fit observer que son temps de tutelle était bien près d’expirer puisqu’il allait être majeur dans trois mois, et cela fit rire Jacques, comme s’il n’eût pas su son âge et que l’annonce de sa prochaine émancipation fût pour lui une nouveauté.

— En vérité, poursuivit-il, j’ai hâte d’être là-bas et d’y pouvoir travailler activement. Je me réjouis d’y être mon maître et d’y tout organiser à ma guise.

Je remarquai sans amertume que Jacques parlait de notre propriété, à ma mère et à moi,