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XX


J’avais dix-sept ans ; j’étais une jeune fille, et le séjour chez les Lorentz, la fréquentation d’une société polie, élégante, raffinée avait fait de moi une petite personne superlativement correcte et réservée, d’une susceptibilité très ombrageuse sur les questions de forme : il m’en coûtait d’avoir eu ce mouvement d’expansion, cette confiance vis-à-vis de quelqu’un qui semblait en faire peu de cas, et je décidai, dans mon for intérieur, de ne plus écrire à Jacques.

Mais cette décision me fit pleurer et je fus confuse de ces larmes. Je résolus de ne plus penser du tout à Jacques. Néanmoins, j’y pensai de plus en plus : je me disais que c’était maintenant un grand jeune homme et j’essayai, sans y parvenir, de me figurer ce que les années avaient fait de mon ami d’enfance. J’étais, en même temps, attirée vers son souvenir et mortifiée de ce qu’il me laissât sans nouvelles de lui, et je songeai qu’à notre première rencontre, où qu’elle dût se produire, je saurais bien marquer à Jacques mon mécontentement.


J’en étais là quand, un dimanche matin, en été, je fus appelée au salon où se tenaient déjà