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ÂME BLANCHE

paraître, en faisant les gestes, en prononçant les mots de la femme du monde qui en congratule une autre.

Ma joie devant cette preuve d’une intention raisonnée, de la préméditation d’un acte intelligent et de sa réalisation selon un plan voulu mit le comble à son orgueil et, à partir de ce moment, je constatai en elle l’effort de ressaisir sa pensée fugitive, sa mémoire égarée. Chaque nouveau progrès était le sujet entre nous de vives félicitations de ma part, et, de la sienne, d’une gloire excessive et très sensible.

Une fois, elle me dit, après m’avoir décoiffée et en caressant délicatement mes cheveux :

— Vous êtes blonde… Vous ressemblez à quelqu’un…

Elle s’interrompit et des gouttes de sueur perlèrent à son front, témoignage de l’importance du travail qui s’élaborait derrière ce front blanc et uni comme de l’albâtre.

— À qui, à qui est-ce que je ressemble ? demandais-je, haletante, en proie à une émotion dont le spectacle détourna l’attention de Mme Veydt de ce qu’elle cherchait si laborieusement une minute plus tôt ; et elle s’écria, découragée :

— Je ne sais pas !

Mais, dans ses yeux, avait passé l’éclair lucide qui devait me convaincre de la possibilité de sa guérison. Et, bouleversée, hors de moi, incapable