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XIX


À cette époque, mon cœur et mon esprit étaient passionnément intéressés par ce qui se passait chez le professeur Oppelt, où la santé intellectuelle de Mme Veydt jeune subissait de prodigieux changements. Ma mère, je l’ai dit, s’était, peu à peu, habituée à ma présence ; même, elle avait fini par manifester très nettement à quel point il lui était doux de m’avoir à ses côtés. Avec moi, elle était une autre personne et, sinon une personne en possession de toutes ses facultés, au moins quelqu’un dont le sens était fort clairvoyant et qui réussissait à marquer sa prédilection sentimentale. N’avait-elle pas consenti à désunir les lèvres après tant d’années de complet mutisme, uniquement pour pouvoir mieux communiquer avec celle que, si douloureusement, elle nommait « Maman » ?

Depuis le jour où des nécessités matérielles m’avaient contrainte à permettre qu’on la changeât de service et d’appartement, elle révélait une préoccupation constante dont on ne pénétrait point l’objet et me dit, à une de mes visites :