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ÂME BLANCHE

nous faire une visite de condoléances et le couple avait accepté de dîner chez nous, pour reprendre le train le soir même.

Les relations avec les Veydt — et bien que ceux-ci eussent leur demeure à deux pas de la nôtre — étaient moins cordiales encore ; je crois qu’une sourde hostilité existait entre eux et maman. Peut-être même trouverait-on là l’origine des premières discordes surgies dans le ménage de mes parents, qui s’étaient épousés très jeunes et fort amoureux l’un de l’autre, pour en venir à une rupture après si peu de temps de vie commune : ma mère et ses beaux-parents n’avaient rien pour sympathiser et le voisinage des deux maisons amenait entre elle et ceux-ci des conflits où Jules Veydt, ayant à intervenir, devait, fatalement, de quelque côté qu’il se tournât, blesser quelqu’un de cher à son cœur.

Après le départ de mon père pour le Congo, toutes relations avaient cessé entre nous et les vieux Veydt, et il fallut notre deuil, les formalités exigées par ma situation d’orpheline mineure, la réunion d’un conseil de famille, me donnant, à côté de ma tutrice naturelle, un tuteur et un subrogé-tuteur, qui furent mon grand-père, le docteur Veydt, et mon oncle François, il fallut cela pour amener un rapprochement, d’ailleurs temporaire. Maman était souffrante et révélait de graves troubles d’esprit