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XVII


Une année passa ainsi pour nous, dans un deuil et une tristesse légèrement tempérés par l’espoir d’une chance indéfinie qui nous ferait, à tous, un sort meilleur, dans un avenir indéterminé. Mlle Josine était devenue, tout d’un coup, une vieille, une très vieille femme : en une nuit — la nuit qui suivit la mort de son père et où elle le veilla — ses cheveux avaient blanchi et elle avait contracté une espèce de tremblement spasmodique des mains, de trémulation de la lèvre inférieure, de clignotement des paupières, qui dénonçaient une sénilité précoce et lamentable. Néanmoins, son énergie pour tout ce qui concernait la réhabilitation du docteur demeurait vigoureuse ; elle n’était occupée que de cela. Les scellés levés à sa demande, elle s’était mise à la recherche du fameux travail d’Édouard Veydt sur les maladies nerveuses, mais, hélas ! ne trouva rien qui valût seulement une minute d’attention. Ce fut un nouveau désastre ajouté à tous les autres, et ma tante Josine s’écriait parfois :

— Serait-il possible que mon père eût, avant de mourir, brûlé ce manuscrit !