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ÂME BLANCHE

— Monsieur, je reviendrai, au contraire, et, si vous le permettez, je reviendrai souvent.

Il eut un haussement d’épaules, un mouvement bref de la tête, qui acquiesçait, dont l’intention pouvait se traduire par :

— À votre aise…, comme il vous plaira.

Puis, il m’expliqua que Mme Veydt était, du reste, très calme, très docile, d’humeur si égale qu’un enfant aurait suffi à la garder.

— Oh ! que ne puis-je être cet enfant, que ne puis-je l’emmener, la prendre auprès de moi ! m’écriais-je avec désolation.

Il eut son même geste conciliant, m’enjoignit une seconde fois de ne pas oublier son message au docteur Veydt. Et nous prîmes congé.

La porte de la maison de santé close sur nous, je serrai fébrilement la main de Véronique : mes nerfs étaient surmenés, mon cœur éclatait. Mais je ne me laissais pas aller à pleurer ; il semblait que ce que je venais de voir m’eût émancipée et mûrie. Certes, aucune espérance ne me restait sur la possibilité d’une guérison de ma mère ; pourtant, une volonté précise était dominante chez moi : la volonté de la retirer quelque jour de chez le professeur Oppelt pour la prendre à mes côtés et la soigner comme une enfant. Une immense pitié pour elle, une tendresse émue et, en quelque sorte, protectrice remplaçait, maintenant, la vénération admirative que le souvenir